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 Maegwin

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-Ryo-
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Reno
Maegwin
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Maegwin
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MessageSujet: Maegwin   Maegwin EmptyLun 17 Avr - 0:32

Bonjour à tous !

C'est marqué en titre, je suis Maegwin ; je viens [très] récemment de rejoindre Arcadya - et la Guilde par la même occasion, ce qui explique mes divers poliottages.

J'ai 21 ans, je suis en maîtrise de droit public à Paris 2 [ça arrive rabbit ] - et quand j'arrête de glander, je fais du karaté, je me passionne pour le sport auto et je lis des sagas de heroic-fantasy.

S'agissant de la musique, j'écoute du melodic metal [Sonata Arctica, Stratovarius, Angra, Nightwish, et le hollywood metal de Rhapsody, par exemple What a Face ] mais aussi pas mal d'autres genres ; j'ai fait plus de 12 ans de violon.


Voila.

[Reno : 38,5*-46**-78*** Suspect





* : pointure
** : cheveux, en cm
*** : bras droit tendu, en cm affraid ]
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Maegwin
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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyMer 19 Avr - 20:47

Il parait qu'il faut des renseignements complémentaires.
Donc.

* Mon perso IG :
Maegwin, c'est une Dancer lvl 7*-4* [c'est censé évoluer].
C'est mon premier perso, je n'ai jamais joué à RO avant.
Mon expérience de Guilde avoisine le néant de ce fait.

* Ma connaissance des gens de la Guilde :
Et bien, j'ai été recrutée par Okane à Payon Cave, entre deux squelettes et trois chauve-souris. Ensuite, il m'a traînée aux métas pour xp, et comme je ne savais pas prendre l'avion toute seule, j'y suis restée et j'ai fait connaissance de Reno. Après j'ai été séduite par leurs réputés events Chansons, parfois je chante aussi. Faux.

* Le meilleur pour la fin, last but not least, ma tronche :
De temps en temps elle me fait peur le matin, mais j'essaie de survivre même si c'est dur, parfois.
Maegwin Auton13
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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyMar 27 Juin - 2:01

[HRP : J'avais déjà dis à certains que j'avais entrepris la rédaction d'un RP sur mon perso ; je ne sais pas trop où le poster, alors je le poste ici. Il n'est pas terminé, et en fait il englobera chacun de mes persos par la suite.]

L’esprit de Thaddaeus


Livre I – Maegwin de Nad-Mullach


Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu cette carnation étrange, presque anormale, qui effrayait mes proches parents lorsque j’étais enfant. Avec le temps, elle s’est estompée, mais j’ai toujours cet air bleuâtre et maladif qui me donne l’impression de sortir d’un bain auquel on aurait ajouté quelques gouttes d’encre de marse. Lorsque je rougis, des plaques mauves apparaissent sur mes joues, et mes cheveux d’un bleu très pâle me donnent un air cadavérique qui, je l’avoue, n’est pas du plus bel effet. Mais il est certaines choses que l’on arrive à accepter avec le temps ; ma curieuse apparence en fait partie.

Je suis née dans une bourgade pauvre de Payon, à l’extrémité de la ville, là où se regroupent les familles sans le sou qui subsistent tant bien que mal dans cette région montagneuse où la forêt est reine. Toute petite, déjà, j’aimais courir seule, entre les grands arbres et les bambous, et je revenais crottée jusqu’aux oreilles, ce qui faisait hurler ma mère. Mon père se contentais de m’ébouriffer les cheveux d’un air absent, harassé après une journée passée à débiter des troncs pour les besoins de quelque obscur Seigneur, venu à Payon pour obtenir des bois de diverses qualités, et désireux de repartir au plus vite dans ses autrement plus luxueuses pénates. Car c’est ainsi que mon père, simple archer sans qualifications particulières, se retrouvait contraint d’effectuer des tâches d’ouvrier pour les nobles de passage, afin de faire vivre sa femme et ses trois filles : Amaena, Limurta, et moi.

Lorsque je suis née, mon père fut très déçu que son premier enfant ne soit pas un fils ; il est sorti de la maison, laissant à ma mère inconsciente et aux sages-femmes qui l’entouraient le soin de me baptiser. Devant l’urgence, car ma mère ne se réveillait pas et que le temps au-delà duquel il porte malheur de nommer un enfant était presque écoulé, c’est la voisine venue assister ma mère qui me baptisa.
Elle avait trop lu les aventures du roi Seoman Fiskerne « Mèche-blanche », du comte Eolair et de sa bien-aimée Maegwin, qui sombra dans la folie. En catastrophe, elle me baptisa, et ce prénom m’est resté.
Ensuite, mes autres sœurs sont nées : d’abord Amaena, puis Limurta. Et avec cette dernière fille, mon père a enterré son envie de fils et même d’enfant.

Ma sœur cadette, Amaena, se mit très vite dans la tête de quitter la maison ; Payon l’insupportait, la situation de notre père aussi. Je ne l’ai très vite plus vue. Limurta, par contre, resta sagement au foyer, et entrepris d’apprendre le métier d’archer pour aider Papa dans son travail. J’ai entendu dire que l’on pouvait encore la croiser dans les forêts de Payon, où elle continue à vendre des troncs, des résines et des racines ; après le décès de notre père, c’est elle qui a pris en charge notre mère.

Quant à moi, l’aînée, il fut très vite entendu que je devais moi aussi entreprendre la carrière d’archer, pour réussir là où mon père avait échoué : il me fallait devenir une Chasseresse de talent, parée d’ors et de soieries, un oiseau de proie fièrement posé sur mon épaule. Payon voyait régulièrement ses meilleurs archers devenir des chasseurs renommés, et mon père avait toujours rêvé d’en faire partie. Pourquoi pas moi ?

Très vite, je fus contrainte, un petit arc à la main, de parcourir la forêt en quête de quelque monstre à tuer ; mon père vérifiait et comptait au nombre de dépouilles que je rapportais que j’avais convenablement fait mon devoir. Parfois, il m’envoyer m’entraîner en groupe, avec des gens de sa connaissance ; et cela m’était très éprouvant, car je n’ai jamais été très douée pour abattre des monstres de manière efficace en groupe : j’ai toujours eu un tempérament de solitaire, même si je combats cette tendance.

Lorsque je fut assez âgée, mon père m’envoya dans les Caves de Payon pour grossir les rangs de ces volontaires qui luttent contre la magie maudite de cet endroit ; je m’y suis battue contre des morts-vivants de la pire espèce, squelettes en mouvement, chauves-souris aux crocs acérés, zombies vomissant une bile sombre et nauséabonde. Je rentrai le soir chez mes parents avec les cris des montres et de leurs victimes encore dans les oreilles, mais passés les premiers moments d’épouvante, tuer devint une sorte de seconde nature. Sans y penser, brandir l’arc, encocher la flèche, tirer, recommencer. Inlassablement, jusqu’à ce que les doigts tirent et la faim se fasse intolérable.
Entre quelques assauts, nous allions grignoter pour nous réconforter sur l’esplanade qui borde les portes des Caves hantées. Nous riions, échangions des commentaires acerbes sur notre situation. Parfois, passaient de magnifiques guerriers montés sur des Pecopecos rutilants, des Chasseurs de grande classe, ou des Hommes de Religion auréolés de puissance, qui nous arrachaient des cris d’admiration. Mais ces gens là ne s’arrêtaient pas, à peine étions-nous dignes d’un regard : c’est aux confins des Caves qu’ils se rendaient, pour affronter le mal à sa source, et remporter gloires et trophées.

C’est pourtant dans ces Caves, au cours d’un assaut particulièrement vif, que je fis une rencontre qui devait modifier le destin que l’on avait tracé pour moi.
J’avais progressé ; l’âge aidant, je devenais une tireuse plus habile, capable de multiples utilisations de l’arc, et une combattante plus forte aussi. Le fossé qui me séparait de ma carrière de Chasseresse, encore lointaine, se rapprochait petit à petit.

Je me suis levée ce matin là, comme d’habitude, aux aurores, en prenant soin de n’éveiller personne. Un coup d’œil dans la chambre de mes parents me montra ma mère endormie dans des draps défaits ; mon père était parti pour quelques jours, car une commande lui demandait des troncs très purs, qu’on ne trouvait qu’à quelques journées à pieds de Payon.
Sans bruit, je me débarbouillai, enfilai ma tunique, mes protections, mes bottes encore tachées de la veille, et mis de l’ordre dans mes cheveux désespérément bleu pâle. Un regard au miroir me renvoya l’image d’une fille un peu trop maigre aux yeux sombres cernés de noir, dont on ne savait trop si la carnation bleutée était due à un manque de sommeil ou à une erreur de la nature.

En marchant vers les Caves, je rencontrai me sentis prise d’une étrange euphorie ; le ciel mauve de l’aube naissante donnait à l’atmosphère une coloration surréaliste qui contrastait avec la verdure des champs environnants que je devais traverser pour arriver aux Caves. Dans cette lumière bleutée, j’eu soudainement envie de bouger, de virevolter ; une étrange sensation m’envahit, un peu comme si je me trouvais dans mon élément, comme si j’étais à l’endroit où j’aurai toujours du être pour faire ce que je devais faire.

Je ne sais plus combien de temps je suis restée à danser dans la brise matinale, je me souviens par contre de l’air intrigué de mes camarades lorsque je suis arrivée aux Caves, en courant de peur d’arriver encore plus en retard que je ne l’étais déjà.
Je n’avais pas de vrais amis à l’époque ; j’étais trop renfermée sur moi-même, trop mal à l’aise avec les gens pour discuter d’autres choses que de banalités. Comme à l’habitude, je me suis engouffrée dans l’ouverture de Cave, mon arc bien serré entre mes doigts, au cas où une créature m’attendrait dès le sas d’entrée ; ce genre de mauvaise surprise arrivait plus d’une fois, et de nombreux combattants s’étaient déjà fait prendre.

L’air vicié de la Cave, son odeur fait d’un mélange de moisissure, d’humidité et de décomposition, et la température fraîche me firent l’effet d’une gifle en plein visage ; je m’arrêtai pour prendre ma respiration, et avançai plus avant dans les boyaux de pierres. Un zombie, deux. Les morts vivants tombaient sous l’effet de mes flèches… Au bout de deux heures, peut-être trois, je m’assis dans un coin tranquille pour récupérer ; au milieu des cadavres de zombies et des os, je songeai à ce que j’avais éprouvé dans la matinée, et, curieusement, j’avais envie de revivre ce moment presque hors du temps, où je pouvais enfin m’appartenir complètement.

Mes rêveries furent interrompues par une voix gouailleuse et par le grincement d’une charrette.

« - Bonjour, jeune demoiselle... On rêve ? »

Je levai la tête, et agrippai mon arc d’un mouvement brusque. L’homme qui avait parlé était grand, un air moqueur sur les lèvres, ses yeux cachés par une paire de verres fumés. Son torse apparaissait derrière sa chemise largement ouverte et retroussée aux manches. Les mains sur les hanches, il me dévisageait avec un air ironique qui me mit mal à l’aise ; je bondis sur mes pieds, m’apprêtant à répliquer quelque chose de cinglant avant de repartir, mais le forgeron – car s’en était un - ne m’en laissa pas le temps.

« - Reno, viens voir ce que j’ai trouvé ! »

A l’appel du forgeron, un autre personnage sortit de l’ombre, vêtu plus sobrement d’une veste longue au dessus de son pantalon usé, et d’une cape déchiquetée et tachée en de multiples endroits. Il avait l’air fatigué, presque même agacé, et tourna vers son compagnon un regard dépourvu d’aménité, sans même me jeter un regard.

« - Qu’est-ce qu’il y a encore, Okane ? »

Le forgeron sourit à nouveau de toutes ses dents, et, négligeant de répondre à la question, se pencha vers moi et m’interrogea :

« - Tu tues les monstres de la Cave, petite ? »

« - Oui messire. »

Toujours sur mes gardes, je dévisageai les deux arrivants d’un air fermé. Il était évident que si la conversation tournait mal, je n’étais pas de taille à m’en sortir seule, et je commençai à reculer imperceptiblement.
Si le forgeron s’en aperçu, il ne le montra pas, car il demeura ouvert et souriant.

« - Et bien, nous pourrions t’aider, qu’en penses-tu ? »

Rapidement, je songeai qu’une telle proposition, eut égard à la différence de niveau qui nous séparaient, serait probablement mal venue, et j’acquiesçai en mâchonnant nerveusement ma lèvre inférieure. Je pourrais toujours m’enfuir dans les recoins de la Cave au cas où cela tournerait mal, mes étranges interlocuteurs seraient probablement gênés par leurs charrettes respectives.

Finalement, notre « collaboration » ne se déroula pas si mal que cela ; d’abord, j’appris à connaître mieux les deux personnages. Okane, le forgeron, ne se quittait jamais ce sens de l’humour décalé et ironique qui m’avait tellement déroutée, et je me surpris même à rire ; Reno, l’alchimiste, était plus réservé par contre, et je n’arrivai pas à le cerner : c’était surtout son compagnon qui faisait la conversation.

Je me surpris à leur parler des projets d’avenir que mon père avait formé pour moi, mais de mon peu de motivation à persévérer dans cette voix, de mon envie de voir le monde, de voyager. De la difficulté que j’avais à m’accepter, avec ma constitution fragile et mon apparence hors du commun.

[...]

HRP : [Bientôt, si j'ai le temps, la suite. Reno, ne t'inquiète pas, ton bard apparaîtra aussi. Razz]
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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptySam 1 Juil - 14:44

C'est super bien ecrit! Shocked
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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyDim 2 Juil - 4:01

Merci Maeg

C'est génial...............Belle imagination (non c 'est vrai ce n'est pas imaginaire) c'est du vécu!!!!!!!

Vivement la suite????? Jattend avec impatience d'etre dans l'histoire avec toutes les ombres..............


BISES .....................Elia
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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyLun 3 Juil - 1:28

[HRP : Merci à tous de vos encouragements... La suite...]

A la fin de la journée, épuisée mais étrangement sereine, je rangeai mon arc et m’avançai pour prendre congé de mes compagnons ; ils ne s’étaient pas beaucoup dépensés, mais avaient consacrés leur temps et leurs forces à m’aider, et je leur en étais reconnaissante, même si je doutais les revoir un jour.
C’est à ce moment qu’Okane fit une proposition qui allait modifier ma vie :

« - Dis-moi, Maegwin, ça te dirais de quitter Rune-Midgard et d’aller en République Schwaltzvalt avec nous ? »

Je restai interloquée. Je les connaissais à peine, et puis, quitter mon pays, pour suivre des inconnus, n’était-ce pas une définition parfaite de l’inconscience ? Le royaume de Rune-Midgard et la République Schwaltzvalt entretenaient une amitié scellée par des accords signés entre les deux puissances il y avait près de mille ans. L’on disait que Yuno, la capitale de la République, était une ville aussi belle que civilisée : aussi la surnommait-on la ville des sages. Cela n'était pas pour autant gage de sûreté.

Encore sous le choc de cette proposition abrupte, je fis fonctionner mon cerveau à toute vitesse ; l’envie de partir qui me rongeait depuis longtemps, la volonté d’échapper à ces Caves glauques où je perdais mon temps, tout cela jouait en faveur de la proposition du forgeron. Si les deux hommes s’avéraient indignes de confiance, rien ne m’empêchait de vivre ma vie et de construire les choses à ma façon : une fois arrivée à Yuno, je n’aurai qu’à les quitter et tâcher de trouver un travail afin d’être indépendante.

« - D’accord, » répondis-je d’une voix déterminée. « Je vais chercher de quoi monnayer mon départ, et j’arrive. »

Je courus vers la maison de mes parents, espérant de toutes mes forces la trouver vide ; par chance, pour une raison ou pour une autre, ma mère était sortie, seule une casserole chuintant sur le feu de la cuisine m’accueillit. Je me dirigeai vers la réserve de bois précieux de mon père, et, sans hésitation, m’emparai des plus belles pièces de sa collection pour les fourrer dans mon sac. Pour la plupart, je l’avais aidé à les trouver et à les arracher aux monstres qui nous empêchaient de les obtenir, et puis, après tout, qu’importe ? Je n’allais pas rester ici toute ma vie, Amaena était bien partie, elle.

Je suis revenue au nord de la ville, où les deux hommes m’attendaient ; les yeux noirs de l’alchimiste me fixaient intensément, et, gênée, ce fut en regardant mes chaussures que j’annonçai :

« - C’est bon, on peut y aller. Je vous suis. »

Les cœurs de bois polis tressautaient contre mon dos lorsque nous nous dirigeâmes vers l’employée de la société Kaffra, le consortium international hégémonique qui détenait les droits de téléportation. Lorsque nous furent arrivés à Izlude après quelques heures de marche, il fallut encore prendre le dirigeable ; et au bout de longues heures de voyage, nous atteignirent enfin Yuno.

Okane m’expliqua au court du voyage qu’il avait en réalité des affaires à traiter à Einbroch, la ville de l'Acier ; il me dit aussi que la ville était infestée de monstres étranges dus à la mécanisation de la cité, et que je trouverai sans problème un emploi avec mon expérience des Caves de Payon. Après quelques hésitations – ne disait on pas que la ville d’Einbroch était soumise à un pouvoir dictatorial de la pire espèce ? - et quelques discussions avec les autochtones de Yuno, je me ralliai à la position d’Okane.


J’ai vécu de longs mois à Einbroch, dans l’atmosphère rouge et huileuse de cette ville polluée. J’y ai trouvé un petit boulot dans un champ au sud de la ville, où des porings victimes d’une mutation peu ragoûtante avaient proliférés. Les habitants d’Einbroch les appelaient les métallings ; et très vite, grâce à ces bêtes roses et grises, je pus m’enrichir et m’installer à mon compte.

Je ne m’étais jamais sentie aussi bien de ma vie : bronzée par le soleil dans les étendues quasi désertiques qui bordaient Einbroch, jouissant d’un revenu régulier et suffisant, j’étais loin de la fille maigre et renfrognée que j’étais à Payon. Mon teint était moins bleuté ; j’avais l’impression d’être normale.

Okane et Reno passaient parfois me rendre visite ; je m’étais liée d’amitié avec eux, ils me racontaient leurs aventures, la vie qu’ils menaient. J’avais l’impression qu’ils avaient tout vu, tout visité. Les conversations avec Reno pouvaient parfois durer longtemps ; il prit bientôt l’habitude de venir me voir sans Okane.

C’est ainsi qu’un soir d’été, Reno passa me rendre visite ; je le trouvais sur le pas de la porte, assis à côté de sa charrette, son regard sombre toujours aussi pénétrant sous ses cheveux blanchis par l’alchimie et la fabrication de substances étranges. Je venais de rentrer de ma journée de travail, des traces d’huile sur ma tunique et empestant le métalling en décomposition. Il eut un sourire ironique.

« - C’est comme ça que tu reçois tes invités ? »

Je m’empressai de me laver, passai une chemise propre sur mes épaules et un coup de peigne dans mes cheveux, et nous nous installâmes pour dîner.

La nuit était belle, je ne me souviens plus qui de nous deux proposa en premier de sortir prendre l’air ; assise dans les hautes herbes, l’atmosphère était douce, je me sentais bien. J’aurai pu passer ma vie à goûter cet instant, aux côtés de l'alchimiste.

Il rompit le silence le premier :

« - Tu ne m’avais pas dit que ton père voulait que tu deviennes Chasseresse ? »

Je n’aimais pas parler de mes parents ; parfois, je songeais à eux, à Payon, avec leur vie étriquée, et puis je reléguais cette idée dans un coin de ma tête. Ce n’est pas que je ne les aimais pas : c’était juste que je ne voulais plus rien à avoir à faire avec eux.

« - Si, » répondis-je à Reno en serrant les dents. « Mais ce n’est plus vraiment d’actualité. » J’eus un rire tendu.

« - Tu ne vas pas rester archère toute ta vie, non ? »

« - Pourquoi pas ? » rétorquai-je sur la défensive. Je n’aimais pas la tournure que prenait la conversation. « Je n’ai rien à prouver, à personne. Ici, je gagne convenablement ma vie, et je suis heureuse. Je ne vois pas pourquoi je changerai quoi que soit à ma situation. Et, je ne veux pas revenir à Payon. Jamais. C’est définitif. »

Il y eu un silence. Puis il reprit, d’une voix calme :

« - Je n’ai jamais dit que tu étais obligée de devenir Chasseresse ; mais je commence à te connaître. Viendra un moment où tuer des métallings pour ces gens ne te suffira plus ; tu iras tuer d’autres monstres, plus forts, et puis arrivera l’instant où ton reflet dans la glace te donnera envie de te casser la figure de frustration. Tu n’es pas faite pour faire du sur-place, Maegwin. »

Je lui adressai un petit sourire crispé, et ramenai mes genoux sous mon menton.

« - As-tu déjà entendu parler de Comodo ? » poursuivit-il.

« - Non. » fis-je entre mes dents, les yeux fixés sur une mouche voleuse qui voletait à quelques centimètres du sol.

« - C’est une ville de Rune-Midgard, très éloignée de la Capitale, au bord de l’Océan. On y fait divers trafics, plus ou moins avec la bénédiction du Roi, qui a d’autres chats à fouetter que cette petite cité décadente. J’en viens, et j’y ai vu des gens incroyables. Des gens qui dansent. »

« - Ah. »

Je ne voyais pas où il voulait en venir ; des gens qui dansent, a priori, ce n’est pas quelque chose d’exceptionnel.

« - Tu sais, je peux danser aussi, si tu veux, » dis-je alors avec une lueur espiègle dans les yeux.
Je me mis debout, et commençai à parodier des mouvements de danse. Un léger sourire aux lèvres, Reno me suivit du regard. Sous les étoiles, les pieds nus dans l’herbe, j’esquissai des pas de mon invention, tournai, virevoltai… Ma gorge laissa s’échapper un rire cristallin. C’était tellement enivrant, tellement envoûtant !

Je fus interrompue par une main sur mon poignet, et une autre sur mes hanches. Essoufflée, je me retrouvai contre lui, ses yeux vrillant les miens. Je baissais la tête. Relâchant ma taille, il effleura ma main d’un baiser avant de répéter doucement :

« - Comodo. Ils recrutent des archères. Tu devrais peut-être y penser. »

J’ai passé la nuit à me tourner et à me retourner dans mon lit, en pensant à ce qui venait de se passer. Le simple souvenir de cette main posée sur moi me donnait l’impression de me liquéfier. Mais au petit matin, Reno était déjà parti, sans que nous ayons eu le temps de reparler de la soirée que nous avions passée.

Et puis j’avais un autre problème : en me regardant dans la glace, au saut du lit, le miroir me renvoya une image qui me terrifia. Mes cheveux qui s’étaient décolorés sous le soleil d’Einbroch étaient à nouveau plus bleus que jamais, et ma peau était presque violette à force d’être indigo sous le hâle.

Je poussai un cri de désespoir ; comment allais-je pouvoir travailler dans ces conditions ? Comment affronter le regard des autres ?
Les jours passant, la situation de mon épiderme ne s’améliorait pas. J’avais eu le projet de déménager à Einbech, ville voisine d’Einbroch, car j’avais trouvé un emploi mieux payé : il s’agissait de travaux horticoles, de désherber des champs où poussaient des plantes carnivores. Je résolus d’avancer ce projet, et ainsi d’éviter les commentaires de mes voisins. Einbech était une cité dortoir, moins animée qu’Einbroch. Sous un chapeau, loin, dans un champ, personne ne pourrait me faire de commentaires sur mon étrange couleur de peau.

Il arriva un moment où, comme Reno l’avait prédit, j’en viens à devenir de plus en plus nerveuse. Dans un premier temps, je mis cela sur le compte de l’épuisement psychologique qu’avait provoqué mon nouveau travail. En me souvenant du bien-être éprouvé lorsque j’avais dansé devant mon ami sous les étoiles, je pris l’habitude de sortir le soir, de plus en plus, jusqu’à ce que cela devienne une habitude. Je dénichais un endroit calme, et lorsque la nuit tombait et drapait la nature environnante de son voile bleu foncé, je dansais à en perdre haleine, silhouette ondulant au milieu des herbes sèches pliées par la brise tiède de l’été.

Cela me calma un peu, et je pus continuer à mener une existence bien réglée, convaincue que c’était ce que j’avais toujours voulu. Mais ma peau était chaque matin un peu plus bleue, et je le supportai chaque matin un peu moins bien. Je me mis à vagabonder, à arrêter de travailler et de désherber les champs infestés par les géographers. Mes collègues me virent moins, je ne rentrais à Einbech qu’une fois par semaine ; le reste du temps, je partais à l’aventure, me nourrissant des animaux que je tuai, dormant sous la ramure d’un arbre.

Les paroles de Reno résonnaient encore dans ma tête ; devais-je essayer d’aller à Comodo ? Moi qui dansais pour mon plaisir, trouverai-je là-bas de quoi satisfaire mon insatiable envie d’ailleurs ? Oserai-je tout quitter encore une fois pour tenter ma chance dans l’inconnu ?

La réponse à cette question me fut apportée un soir d’automne ; après une journée ensoleillée qui avait fait rutiler les dernières couleurs des arbres, couleurs rehaussées par cette poussière rouge et métallique qui flottait en permanence dans la ville, une pluie violente s’était mise à tomber. J’avais arrêté mes randonnées sans buts, et depuis quelques semaines, je tournais comme un ours en cage dans ma petite maison, désespérant de trouver une solution aux problèmes qui me taraudaient.

Devant la violence de l’ondée, je me précipitai pour fermer une vitre qui s’était ouverte avec un bruit sec ; j’entendis au même instant quelqu’un frapper. J’ouvris : devant le pas de la porte, dégoulinants, se tenaient Okane et une jeune femme que je ne connaissais pas. Ils avaient l’air étrangement pitoyables, trempés, la mine abattue. Je leur fis signe d’entrer, tandis qu’un éclair suivi d’un roulement de tonnerre assourdissant s’abattait non loin de ma maison.

En silence, Okane me tendit son paletot de laine sombre trempé, avant de s’asseoir à la table en bois brut de la pièce principale. La jeune femme ôta son chapeau, et s’excusa de l’eau qui s’écoula des rebords de celui-ci avant de se présenter en me serrant la main :

« - Je m’appelle Elia. Je suis Chasseresse, merci de votre hospitalité. »

L'humeur d’Okane m’inquiétait ; je répondis machinalement des amabilités à Elia, et servis du jus de pomme à mes hôtes. Je tentai d’engager la conversation avec le forgeron, mais ce fut sa compagne qui répondit à sa place ; Okane jouait avec son verre, regardant d’un air absent la fenêtre contre laquelle battait la pluie.

Au bout d’un moment, un silence s’installa. Elia avait épuisé toutes ses réserves de banalités, et moi aussi. Je m’apprêtai à désigner à mes hôtes l’endroit où ils allaient pouvoir passer la nuit, lorsque la voix rauque d’Okane sortit enfin de sa poitrine.

« - Reno a disparu. »

On aurait dit que toute la peine du monde venait d’élire domicile sur son visage. Sans comprendre, je demandai bêtement :

« - Comment ça ? »

Okane ne me répondit rien ; et puis une vague de crainte me submergea. Non, non, ce n’était pas possible que…

« - Comment ça ? » répétai-je plus fort en m’approchant de mon ami. « Comment ça ! » Je hurlais presque.

« - Nous étions tous les deux dans les environs de Geffen, pour affaire. On nous avait parlé d’un donjon abandonné. Tu nous connais, on a voulu y jeter un coup d’œil. Il y avait un fantôme, le fantôme d’un chevalier des Temps Anciens, provenant des Abysses. J’ai eu le temps de m’enfuir. Pas lui. Je suis désolé. »

Il avait débité cela à toute vitesse, d’une voix hachée, comme s’il avait trop longtemps préparé ce discours. Je fermai les yeux, serrant les dents pour lutter contre l’émotion que je sentais grandir sous mes paupières, grandir jusqu’à devenir des larmes salées qui roulèrent sur mon visage, sans que je puisse faire quoique ce soit pour les en empêcher.

Elia nous avait laissés ; jusqu’à une heure avancée de la nuit, Okane et moi parlâmes de cet ami commun que nous avions perdu.
Une angoisse me serrait le cœur ; Reno était mort, mais je savais qu’en lui je perdais plus qu’un ami. C’était aussi mon mentor, le plus précieux de mes alliés, qui disparaissait avec lui. Je n’osais pas parler à Okane de cette étrange dernière soirée que j’avais passée avec Reno, de ce sentiment mêlé de crainte que j’avais éprouvé pour lui, malgré notre différence d’âge, malgré notre différence de vie.

« - Sais-tu où se trouve Comodo ? » demandai-je soudainement à mon vis-à-vis, au détour d’une anecdote où Reno s’était fait passer pour un percepteur d’impôt tandis qu’Okane dévalisait un badaud crédule.

« - Oui, bien sûr ; c’est au sud-ouest du Rune-Midgard ; tu passes Morroc, et c’est au bord de l’Océan. »


Okane et Elia partirent deux jours plus tard ; dans l’heure qui suivit leur départ, je rangeai ma maison, fis un baluchon, stockai mes objets de valeur au Mont de Piété détenu par la succursale Kaffra d’Einbroch, et fermai sans regret la porte de ma maison.

« - Et à présent, que la danse commence, » fis-je entre mes dents en glissant la clef de ma demeure dans ma poche, avant de me diriger vers l’aéroport d’Einbroch.

[HRP : Bientôt, la suite... ^^]
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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyLun 3 Juil - 13:46

*_* ouaaaaaa

C'est super bien écrit

La suite la suite la suite
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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyLun 3 Juil - 14:03

Jdis ça jdis rien mais 'vous faudrait une section RP ou background (à la place par exemple de "cuisine" T_T ou "foot" T____T )

Joli texte /rice
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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyLun 3 Juil - 20:53

Sérieux, ça claque. Je trouve ça trop bien, je les dévoré. Vraiment génial, j'ai hâte de conaitre la suite.
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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyMar 4 Juil - 1:16

oUAAA Shocked c super bravo bravo
j' atten le suite ac impatience!!!!!
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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyVen 7 Juil - 20:12

[HRP : Hop, la suite, que j'ai déjà postée sur le serveur officiel...]

Plages ensoleillées et parquets cirés


Comodo n’était pas une ville agréable ; sous des dehors nonchalants et libertaires, la ville n’était en réalité que la façade - certes plaisante – d’un lacis de trafics divers, corrompu jusqu’à la moelle par les réseaux d’influence, les querelles politiques et l’avidité commerciale.

Je suis arrivée à Comodo par téléporteur Kafra, quelques jours après mon départ d’Einbroch. La touffeur de la ville était telle que je la ressentis presque comme une agression physique, et c’est un peu sonnée, les yeux papillonnants, que je fis mes premiers pas sur le sable blanc de Comodo. Des huttes de luxe étaient réparties sans symétrie au gré du territoire de la cité ; quelques paillotes colorées étaient installées en bordure de l’Océan, sur des gués de bois grinçant qui sentaient le limon. L’odeur sucrée des cocktails et des confiseries flottait dans l’air, et lorsque le vent daignait souffler paresseusement, les longues feuilles des palmiers bruissaient avec grâce, en émettant un bruit doux qui ressemblait à une chanson modulée dans un langage secret.

Cependant, je compris vite qu’il y avait deux villes en une, à Comodo. D’une part le sud, riche, bardé de commerces, de touristes, de gens importants et de paillettes, et puis le nord, plus pauvre, avec ses tavernes puantes et ses poivrots en guenilles, souriants de tous leurs chicots gâtés. Un campement sauvage de bohémiens avait élu domicile dans cette partie de la ville ; les cris des enfants, l’odeur lourde de la nourriture préparée en plein air, tout cela contrastait avec l’apparente opulence de la cité.
Au centre de la ville se trouvait un volcan éteint, montagne séculaire, véritable pilier de cette population décadente, entre extrême misère et luxe indécent.

N’ayant pas les moyens de me payer l’un de ces hôtels fabuleux qui faisaient la réputation de la ville, je me dirigeai vers un pub, non loin du campement des Gens du Voyage ; malheureusement, l’auberge était complète. La nuit tombait, on entendait déjà les rythmes endiablés des fêtes alentours. A Comodo, la vie commence la nuit, mais j’étais bien trop épuisée pour y prêter attention. Je dénichai une ouverture dans une caverne, un peu humide mais dont l’atmosphère était plus fraîche qu’au dehors. J’y tuai les quelques anémones de mer qui y avait élu domicile, posai mes affaires, et sombrai dans un sommeil sans rêves.

Au petit matin, je mis un moment à me rappeler où j’étais, et pourquoi. Une grenouille aux yeux globuleux me dévisageait avec une insistante bêtise, et j’avais le dos en compote après cette nuit passée sur le sol inégal de la grotte dans laquelle je me trouvais. Après un bain rapide dans une cuvette d’eau fraîche et claire, et un petit déjeuner frugal, je sortis de ma caverne et me mis en direction de l’institut de danse dont m’avait parlé Reno.

Après plusieurs demandes infructueuses auprès des citadins – soit parce que mon aspect miséreux les dégoûtaient, soit parce qu’ils ne parlaient pas un mot de la Langue Commune de Rune-Midgard –, ce fut un type dénommé Bor Robin qui consentit à me mener devant un bâtiment circulaire imposant, construit avec cette pierre crayeuse et blanche que l’on trouvait sur les îles avoisinantes, et décoré de sculptures de bois blond. De la musique s’échappait par la porte, et une odeur de colophane et de cire émanait du grand hall d’entrée.

Indécise, j’hésitai à entrer, me demandant si j’étais réellement décidée à devenir danseuse. N’étais-je pas trop âgée ? N’étais-je pas trop ignorante ? Cette ville respirait le luxe et les arts de la fête ; je venais d’une ville sale et industrielle, où la culture ne tenait aucune place, et j’avais grandi dans un village perdu dans la montagne.

Je suis restée assis à côté de la porte d’entrée de l’institution, en caressant le bois d’un air absent, et en observant les gens qui y entraient. Je vis passer devant moi plusieurs groupes de jeunes filles minces et rieuses, qui ne prêtèrent aucune attention à moi. Un homme séduisant, les cheveux clairs, l’air pressé, un sac oblong à la main, sortit en trombe de l’édifice, comme si une nuée de guêpes le poursuivait. Un autre homme, plus âgé mais tout aussi engageant, et portant une étrange mallette triangulaire à la main, s’engouffra dans le bâtiment d’un pas rapide et laissa claquer la porte derrière lui. Deux vieilles dames très dignes et très élégantes en sortirent peu après, d’un pas compassé et en échangeant des propos acides. Encore des groupes de jeunes filles, des hommes rasés de frais et aux vêtements choisis avec goût…

Une chape de désespoir s’abattit sur moi lorsque je constatai que les gens qui fréquentaient cette institution étaient loin des brutes mal dégrossies au langage fleuri que j’avais eu l’habitude de côtoyer, et des filles brunies par les travaux des champs. Ici, c’était le monde du raffinement et des choses délicates. Le monde de l’art.
Mais mon orgueil repris bientôt le dessus : je n’avais pas fait le trajet pour rester assise comme une mendiante à regarder les gens passer ; j’étais venue pour devenir comme ces gens. Me relevant, j’époussetai ma tunique qui sentait encore l’odeur un peu désagréable de la grotte dans laquelle j’avais dormi, je remis mes cheveux en place et je poussai la porte.

Le hall dans lequel je me retrouvai était immense et recouvert d’un parquet ciré de bois clair. Des personnes allaient, ça et là, avec l’air pressé. Tout rayonnait de propreté et diverses bribes de musiques voletaient dans l’atmosphère, comme autant de papillons invisibles. Aux murs étaient punaisés des pastels où l’on voyait des danseuses sublimes prendre la pose et décocher des œillades aguicheuses à ceux qui les regardaient. Quelques affiches anciennes évoquaient des compagnies de danse en tournée, des annonces de concert, des ballets montés et dansés devant le roi, à Prontéra.

Au fond du hall se trouvait un bureau, où quelques dames d’un âge indéfinissable, élégamment vêtues de noir, discutaient avec animation. Un homme d’aussi belle allure que ceux que j’avais déjà vus vint se joindre à la discussion, et des rires légers s’envolèrent, à la suite de quelque bon mot lancé par l’un des participants au hasard de la conversation.

Je parcouru les quelques mètres qui me séparaient du bureau, admirant la hauteur de plafond, les grands escaliers de bois qui partaient de chaque côté de la grande pièce, les plantes vertes disposées avec art, et les grandes baies vitrées qui s’ouvraient en hauteur, à plusieurs mètres du sol, laissant la pleine lumière du jour fuser et éclairer les moindres recoins de la salle.

« - Veuillez m’excuser », fis-je d’une petite voix en arrivant devant le bureau où riaient les dames en vêtements sombres.

Mais elles n’eurent pas l’air d’avoir entendu et continuèrent de deviser gaiement ; l’homme, qui devait avoir à faire, prit congé d’elles, et se dirigea vers l’un des escaliers, en passant à mes côtés, mais sans même me jeter un coup d’œil.
Un peu échaudée, et me forçant à ne pas prendre mes jambes à mon cou, je répétai un peu plus fort :

« - Veuillez m’excuser, mesdames… »

L’une des femmes tourna un cou maigre vers moi, et toutes cessèrent immédiatement de rire.

« - Vous désirez ? » me demanda celle qui me regardait d’un air peu amène.

Je pris ma respiration.

« - L’un de mes amis m’a parlé de cette institution ; je suis archère, et l’on m’a dit que vous recrutiez des jeunes filles… »

Les femmes ne me laissèrent pas le temps de terminer et me soumirent à un interrogatoire scrupuleux :

« - Avez-vous déjà fait de la danse ? »

« - Heu, non – enfin, je danse pour mon plaisir, mais… »

« - Avez-vous gagné des prix en tant qu’archère ? »

« - Non. »

« - Lisez-vous la musique ? »

« - Non. »

« - Savez-vous jouer d’un instrument ? »

« - Non plus. »

« - Avez-vous une expérience au maniement du fouet ? »

« - … »

Plus les questions passaient, plus je sentais que je n’avais pas la moindre chance d’intégrer cet institut ; j’essayai de répondre bravement, mais mon courage diminuait à vue d’œil. Je m’apprêtai à prendre la fuite au moindre signe de dénégation.
Les femmes n’avaient pas l’air aimable, ni engageant. Elles me firent une mine sucrée, pour me dire d’un ton hypocrite qu’il me serait très difficile d’intégrer leurs rangs eut égard à mon peu d’expérience du monde de la danse, mais qu’elles étaient sûre que je réussirai ailleurs.

Toutefois, l’une d’entre elles prit la parole avant de me congédier :

« - Dites-nous, quel est le nom de cet ami qui vous a envoyé ici ? »

« - Il… il s’appelle – enfin, s’appelait Reno, mais… » A la simple évocation de l’alchimiste, j’eus l’impression qu’on me déversait un sac de glaçons dans l’estomac. Elles espéraient me ridiculiser en faisant ressortir mon aspect provincial, avec le nom de cet ami qui s’était permis de me conseiller d’aller à Comodo. Reno croyait en moi, pourtant. Reno n’était pas comme ces gros lourdauds de paysans d’Einbroch.

Contre toute attente, je vis une lueur d’allumer dans le visage de l’une des femmes.

« - Reno – un alchimiste, n’est-ce pas ? » dit-elle d’un ton rêveur.

« - Oui, madame » répondis-je d’une voix accablée.

Je ne saurais jamais pourquoi le simple nom de mon ami disparu changea l’attitude de mes cerbères. L’on me remit un uniforme (une tunique de lin écrue et une jupe brune évasée, arrivant aux genoux, dans la même matière), une tenue de danse, des papiers administratifs, un emploi du temps et la clé d’un casier où je pourrai ranger mes affaires personnelles. Je fus ensuite immédiatement poussée dans une salle carrée, flanquée de miroirs, parquetée et cirée, et où s’exerçaient déjà une dizaine de jeunes filles au son du violon d’un jeune garçon assis dans un coin, et sous la houlette d’une vieille dame à la voix désagréablement criarde.
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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyVen 7 Juil - 20:13

Les études de danse à l’Institut Royal de Danse et de Musique de Comodo durent au minimum deux ans ; à l’issue de ces deux années, l’on reçoit un diplôme royal de danse, qui nous autorise à danser ou à enseigner la danse à notre compte dans tout le royaume et dans les villes de la République Schwaltzvalt liées par l’accord. L’on jouit de privilèges spéciaux, l’on a des facultés particulières, et surtout, l’on est auréolée de cette espèce d’aura dont bénéficie notre profession : sensualité, beauté, souplesse, dextérité, tout cela vient à l’esprit de quiconque croise une danseuse dans la vie de tous les jours – et ce d’autant plus ce que cette profession est rare, à cause de la sélection à l’entrée de l’Institut.

J’appris très vite que la danse était uniquement réservée aux femmes ; les hommes que j’avais croisé et qui m’avaient semblés si séduisants étaient en réalités des musiciens, alliés privilégiés des danseuses. Bardes de cour ou répétiteurs lors de nos leçons, concertistes ou simples pupitres au sein d’un orchestre, ils étaient doués d’une sensibilité musicale hors du commun qui les avaient distingués en général dès leur plus jeune âge. J’en ai connus qui savaient retranscrire de la musique après l’avoir entendue une seule fois, certains avaient un talent de compositeur, d’autres une délicatesse d’interprétation qui faisait pleurer même le plus endurci des auditeurs.

J’ai passé deux ans à l’Institut ; ces deux années furent dures – je n’en garde pas un très bon souvenir, parsemé qu’il est de ces querelles aigres et de ces remarques désagréables que se font les filles lorsqu’elles vivent entre elles. Nous dormions dans un dortoir à l’étage, sévèrement encadrées par des surveillantes vêtues de noir, ainsi que l’étaient toutes les employées féminines de l’établissement.

Nous avions, d’une manière hebdomadaire, des cours de danse – le matin, d’ordinaire. L’après-midi était consacré aux études, à la littérature, à l’histoire de la danse, à la musique. Le soir, en fin d’après-midi, après une collation, nous endossions une tenue de coton blanc, et nous subissions un entraînement au combat. Nos professeurs estimaient qu’une bonne danseuse devait avoir, non seulement un bon niveau à l’arc, mais aussi une formation martiale. Cela nous assouplissait l’échine, que nous avions fort dure au demeurant, se plaignait notre Professeur de Musique, un vieux Barde de Cour auquel nous faisions les pires niches.

Je n’étais pas forcément prédisposée à devenir danseuse. Si j’aimais danser, bouger, la technique stricte de l’Institut était comme un carcan que l’on m’imposait à chaque mouvement, et j’avais la perpétuelle impression d’être bridée, emprisonnée. Les études classiques me furent également hermétiques au début : ma mère m’avait appris la lecture à Payon, mais je n’avais pas ou peu lu durant la première partie de mon existence. Aussi, lorsque je ne passai pas mes nuits à répéter un pas difficile, dans la pénombre d’une salle de danse, je veillai à la lumière d’une lampe à pétrole vacillant sous l’effet de la brise tiède de Comodo, le nez dans un livre, luttant pour déchiffrer les symboles que j’y voyais…

Le cours de pratique martiale était par contre pour moi l’occasion de me défouler ; l’on y apprenait à se battre tout en gardant dignité et élégance, et les diverses techniques enseignées me passionnaient. La première année, notre professeur était un Taekwon-doka, qui nous initia à la vitesse d’exécution des mouvements, à la souplesse et à la précision dans nos prises. L’année suivante, nous suivîmes les cours d’une bohémienne ravagée par le temps, mais aux réflexes d’acier, qui fut chargée de nous apprendre à manier le fouet, arme de prédilection des danseuses.

Une fois par semaine, nous avions des cours de maintient, des cours de chorégraphie, et une sortie culturelle – ballet, concert, … Régulièrement, nous devions aller à Prontéra en passant par Morroc pour assister, en grand uniforme, à une représentation royale. Les filles étaient à chaque fois très excitées, mais nous ne passions qu’une journée à Prontéra à cette occasion, et nous étions trop encadrées pour pouvoir faire quoique ce soit de notre propre chef.

L’Institut n’était pas une école privée de danse, mais une institution royale ; il accueillait aussi bien des jeunes apprenties danseuses que des danseuses désireuses de se ressourcer après quelques années passées à parcourir les diverses villes du royaume. Nous n’étions que très peu en contact avec les fastes venimeux de Comodo : certains de nos professeurs frayaient avec la haute société de la ville, mais nous étions tenue de rester à l’Institut durant tout le temps de notre formation.

Evidemment, il y eu quelques crises de larmes, le soir, devant l’ampleur de la tâche. Je me trouvais trop grosse, je me trouvais incroyablement sotte, je me sentais très seule. Mais s’il est une chose qui fut réellement positive dès mon arrivée à l’Institut, c’est le changement qui s’opéra dans mon regard sur la couleur de ma peau. Cette dernière avait définitivement viré au bleu, et mes cheveux couleur de ciel pâle renforçait mon aversion pour cet aspect presque monstrueux à mes yeux. Mais mes professeurs de danse et de musique ne me firent jamais aucune réflexion à cet égard, alors que j’en avais régulièrement au cours de ma vie antérieure.

Cela n’empêchait pas mes camarades de me faire des remarques ironiques et souvent je me surpris à retrouver le langage cru de mes origines pour répondre vertement à ces attaques. Mais, un jour où un échange verbal particulièrement épicé avait eu lieu à l’issue d’un cours de pratique du fouet, la gitane enseignante, après avoir enjoint à mes camarade de se taire et de déguerpir, me demanda de me mettre au centre de la pièce où nous nous entraînions.

« - Regarde-toi dans la glace, petite, » me dit-elle de sa voix éraillée. « Regarde-toi jusqu’à en être malade de toi. Regarde-toi, encore et encore. Tu es comme ça, ne cherche pas à le rejeter, ou bien tu te rejettera toi-même. Cette couleur, c’est toi. »

Elle avait haussé le ton, jusqu’à presque crier. Je baissais la tête.

« - Ne baisse pas la tête ! Jamais ! » Elle fit claquer son fouet, et je sursautai. Je sentais une veine battre furieusement contre ma tempe, et les dents serrées, le visage dur, je levai mes yeux couleur d’Océan vers la vielle femme. J’avais eu du mal, après cette indépendance vécue à Einbroch, à retrouver une attitude soumise et scolaire face à mes professeurs, et s’en était résulté une susceptibilité à fleur de peau à chacune des rodomontades que l’on ne manquait pas de m’adresser.

Voyant ma rage contenue, elle s’approcha de moi, prit ma main dans ses doigts calleux et suivit de l’index les lignes de ma paume avec une douceur inattendue.

« - Ne laisse jamais personne te dire que ta peau est moins bien que la sienne. Les gens normaux n’ont pas d’histoire, tu en auras une. Et quand le temps sera venu – mais pas avant –, tu iras voir Giroflea, au campement des gitans. Elle te sera de bon conseil. »

Interloquée par la tournure que prenaient les évènements, je retirai ma main de la sienne, comme si elle me brûlait, et regardai à mon tour l’intérieur. Je n’y vis rien qui justifiait ces paroles étranges, et je demandai d’un ton bravache :

« - Et quand est-ce que je saurai si le temps est venu ou pas ? »

La bohémienne, après mon mouvement brusque, s’était dirigé vers la porte d’un pas souple. Elle se retourna en faisant bruisser les riches soieries qui la paraient. Ses yeux se plissèrent en un sourire maternel :

« - Tu le sauras, bien assez tôt, allez. Le cours est fini pour ce soir. »

Je n’eus plus jamais l’occasion de reparler de ceci avec la vieille gitane, mais à dater de cette conversation, je commençai à ne plus vivre ma différence comme un fardeau. J’appris à m’habiller et à me farder, à rehausser mon teint azur de couleurs qui faisaient ressortir le bleu de mes yeux, et je surprenais parfois les regards des musiciens de l’Institution se poser sur moi. Cela me troublait, au début, mais finalement – ce n’était pas si désagréable…

Les derniers mois que je passai à l’Institut furent riches en découvertes et en apprentissages ; c’était peut-être parce que je me rendais compte que j’avais progressé plus que n’importe où depuis ma naissance que je vivais ces moments avec une intensité particulière… J’appréhendai le moment où, une fois ma formation terminée, il me faudrait reprendre une vie errante, trouver un emploi… Je ne voulais pas travailler dans une compagnie, je pensais plutôt offrir mes services de façon itinérante, voyager encore. Après ces deux années, j’avais furieusement envie de bouger, de laisser libre court à ma curiosité naturelle, d’apaiser ma soif d’ailleurs.
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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyVen 7 Juil - 20:14

[HRP : attention, prennez soin d'avoir lu les deux autres messages précédents, sinon vous ne comprendrez rien.]

Essors et regards


Il arriva malgré tout que je fis une rencontre inattendue, dans les dernières semaines que je passai à l’Institut. Il avait été décidé que nous assisterions à la représentation donnée par une compagnie renommée à l’occasion du mariage d’une personnalité importante de la Cour. Je suis aujourd’hui incapable de me souvenir dans le détail de cette représentation, mais je me souviens par contre de notre retour à Comodo.

Nos voyages s’effectuaient par téléporteur Kafra, d’une façon bien réglée, avec une escale à Morroc où nous déjeunions, d’ordinaire, dans une auberge située en bordure de la ville. Morroc, qui s’était développée au milieu du désert autour d’un oasis, était connue pour ses repaires de brigands et ses innombrables voleurs à la tire ; les dirigeants de l’Institut n’aimaient pas être obligés de passer par cette ville, mais c’était le plus court moyen de se rendre à Prontéra.

Le retour de la capitale s’effectuait dans les mêmes conditions ; mais cette fois-ci, un contre temps provoqué par le vol des bijoux de notre professeur de danse nous força à rester un peu plus longuement dans la cité du désert.

Pour la première fois depuis deux ans, je pus me promener dans la ville, seule, avec pour unique consigne d’être revenue à l’auberge à l’heure dite pour le retour à Comodo.
Le sable sale qui garnissait les rues de la ville, les marchands ambulants, les pyramides de fruits vendues, l’animation, tout cela m’enchantait ; le nez au vent, les yeux brillants, j’avais l’impression que mon cœur allait s’envoler.

Un amas de personnes attira mon attention ; près d’un grand bassin carré, un attroupement s’était formé autour d’une rixe entre deux hommes, dépenaillés, et l’air famélique. Les spectateurs de l’affrontement criaient des encouragements, et dans un coin, un type gras et lippu encaissait des paris sur l’issue du combat.
Malgré moi, mais irrésistiblement attirée par ma curiosité, je m’approchai pour dévorer la scène du regard. La violence des coups portés, l’excitation de la scène, tout cela formait un tableau dangereusement fascinant. L’un des adversaires sembla prendre le dessus, et puis il y eut un éclair métallique, et une flaque rouge sombre s’étala sur le sable, formant une étrange forme ronde à l’endroit où s’était tenu, quelques secondes plutôt, le combattant qui paraissait gagner. A présent, il gisait à terre, les yeux ouverts, une expression stupéfaite sur son visage désormais immobile.

Les spectateurs déçus s’indignèrent, puis s’éparpillèrent en grommelant ; l’homme qui encaissait les paris s’était esquivé depuis longtemps, et son complice essuyait tranquillement sa dague dans un chiffon déjà maculé de taches brunes.

Réalisant que j’étais seule avec cet homme à côté du cadavre, paniquée, je tournai les talons et couru à perdre haleine, encore sous le choc ; je venais d’assister à un meurtre ! Prise d’une nausée irrépressible, je m’arrêtai contre un mur. Ma vue se brouilla et je rendis tout mon déjeuner, une main appuyée contre la muraille et l’autre épongeant la sueur qui perlait à mon front.

« - Vous allez bien ? »

Je mis un moment avant de distinguer l’auteur de cette demande. Assis en haut de la muraille contre laquelle je venais de vomir à grands bruits, était installé un homme mince, les cheveux presque blancs à force d’être pâles, le visage dissimulé sous un cache-poussière de soie noire. Il était vêtu d’un pantalon souple et sombre, et des bandes de coton d’un beige sale retenaient une armure flexible autour de sa poitrine ; des gants de cuir et un manteau long voltigeant au vent complétaient le tableau. Mais ce furent surtout ses yeux qui me frappèrent : des yeux noirs, profondément enfoncés dans leurs orbites, au regard presque dérangeant tellement il était pénétrant. Quelques mois plus tôt, j’aurai baissé la tête, mais malgré mes jambes flageolantes et le vertige qui ne me lâchait pas, je me forçai à soutenir ce regard, non sans éprouver une sensation de déjà-vu qui me troubla.

Il se mit à rire, d’un rire sans joie, qui me glaça.

« - Désolé de vous interrompre ; mais on aurait dit que vous veniez de croiser la mort, jeune demoiselle. Je peux vous aider ? »

Sa voix était traînante et ironique ; le chaume de ses cheveux flottait autour de son visage masqué, et de cet homme émanait une sorte de douceur inquiétante, presque féline.
Essayant de garder le contrôle de mes émotions, je mis un peu d’ordre dans ma coiffure et tentai d’assurer à mes pieds une position stable, avant de répondre :

« - Non, ça ira, merci beaucoup. Un simple coup de chaud. »

J’avais essayé de donner à ma voix une intonation assurée ; le bredouillement qui sortit de ma bouche me fit monter le rouge aux joues.
Il rit encore et me décocha un clin d’œil.

« - Je peux vous emmener quelque part ? »

Songeant que je ne savais absolument pas où j’étais dans la ville, et que l’heure tournait, je m’entendis dire :

« - Et bien, j’avoue que je vous saurais gré si vous pouviez m’indiquer où se trouve l’auberge… »

Je n’avais pas plutôt terminé ma phrase que l’inconnu sauta souplement de la muraille.

« - Pas de problème ; suivez moi. »

Il me ramena en silence devant l’auberge. Une fois devant la porte, je croisai ses yeux et voulu le remercier, mais la profondeur de son regard me mit à nouveau mal à l’aise. J’esquissai un bref sourire…

« - Ah, vous voilà Maegwin ! »

Je me retournai brusquement : mon professeur de danse venait de sortir de l’auberge, suivie de mes camarades et de notre vieux maître de musique. La file de jeunes filles se dirigea vers le téléporteur Kafra, en jacassant. Mon mystérieux guide en avait profité pour s’éclipser discrètement ; et j’eus beau le chercher du regard durant notre trajet à travers les rues ensablées, je ne pus distinguer ni sa tête blanche, ni ses yeux noirs, parmi tous les gens que nous croisâmes avant de quitter Morroc.

***

[HRP : ouf, voilà, c'est fini pour aujourd'hui ; le forum n'accepte les messages que d'une durée déterminée, alors j'ai du couper en trois. Bonne lecture. ^^]
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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyVen 7 Juil - 21:10

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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyVen 7 Juil - 23:51

merci ma ptite Maeg...........................Pendant les régen on lit est on se rend meme plus compte du temps passé



vite vite la suite



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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyLun 10 Juil - 9:54

Aaaaah! La suite, la suite! Le guide c'est moi? JE SUIS PAS MORT!!! Laughing
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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyLun 10 Juil - 10:52

lol
Eh beh t'as du talent continu continu on t'ecoute... (enfin on te lis ^^)
drunken
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Maegwin
Loup
Maegwin


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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyVen 21 Juil - 0:49

Tadam ! Avec la mise en sommeil de ce forum, mon rp est transféré ici ; j'ai posté une suite aujourd'hui, et laissez vos éventuels commentaires sur le forum officiel également !

Bises à tous, et merci encore de vos encouragements...

Note : je ne sais pas encore si c'est la peine que je le poste aussi sur le forum des Starlights... Qu'en pensez-vous ? Draven a une si belle section rp que, bon... difficile de resister... cheers
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http://ceeyle.free.fr/
lady-a
Serpent
lady-a


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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin EmptyVen 21 Juil - 15:15

Que du bonheur maeg!!
Merci infiniment^^
Fait nous encor réver!!
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MessageSujet: Re: Maegwin   Maegwin Empty

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Maegwin
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